Le président du BCHR Nabeel Rajab transféré à l’hôpital suite à la dégradation de son état de santé
28 juin 2016- Le Centre Bahreïnite pour les Droits de l’Homme est vivement préoccupé par la santé et le bien-être du défenseur des droits de l’homme Nabeel Rajab, le président du BCHR. Rajab est aussi dirigeant fondateur du Centre pour les Droits de l’Homme des Pays du Golfe (GHCR) et secrétaire adjoint du FIDH.
Le 28 juin 2016, Rajab a été transféré à l’unité de soins coronariens de l’Hôpital des Forces de Défense de Bahreïn après avoir souffert de perturbations du rythme cardiaque. Sa famille a également été informée qu’il souffre d’hypertension artérielle, un état pathologique pour lequel il reçut un traitement médicamenteux plus de deux ans auparavant. L’extrême précarité des conditions de détention a provoqué une nouvelle détérioration de son état de santé. Le déclin de sa santé physique et mentale s’explique par son isolement carcéral depuis son arrestation du 13 juin 2016.
Rajab connaît des conditions de détention provisoire extrêmement mauvaises. Il est placé en isolement sans contact ni aucune interaction possible avec les autres prisonniers. Comme les toilettes et la douche ne sont pas nettoyées, au mépris de toute hygiène, les conditions de vie dans sa cellule sont très insalubres. Il y a très peu sinon pas du tout d’eau dans la salle de bain. De plus, Rajab souffre de maladies qui ne font qu’empirer par de telles conditions de détention. Ses tests sanguins ont montré qu’il souffre d’une infection urinaire et d’une mononucléose, il est toujours en attente des résultats de ses tests sanguins additionnels. Rajab a aussi besoin d’une intervention chirurgicale pour traiter des calculs biliaires et une dilatation de la vésicule biliaire. Il souffre en outre d’une hypertrophie de la prostate et a besoin d’être examiné par un hématologue. Ses opérations chirurgicales seront programmées en août.
Le 26 juin 2016, les autorités ont averti Rajab que sa première audience, pour une autre affaire, est fixée pour le 12 juillet 2016. C’est une affaire distincte liée à deux accusations en rapport aux tweets et retweets postés sur Twitter en 2015 à propos de la prison de Jau et du conflit au Yémen. Il pourrait recevoir une peine 13 ans d’emprisonnement s’il est condamné pour cette affaire.
Rajab doit comparaître à nouveau devant le ministère public le 29 juin 2016 pour statuer sur sa mise en détention. Bien qu’il ait été placé en rétention pour la durée de l’enquête pendant plus de deux semaines jusqu’à maintenant, il a été constaté qu’il n’a pas été de nouveau interrogé.
Le BCHR estime que le harcèlement à l’encontre de Rajab contrevient à l’engagement pris par Bahreïn pour la protection les défenseurs des droits de l’homme selon la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus, adoptée par consensus par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998. Selon les termes de la Déclaration, les défenseurs de droits de l’homme ont le droit de demander la protection et l’effectivité de leurs droits à l’échelle nationale et internationale. De plus, les militants des droits de l’homme ont le droit et doivent être protégés contre toute forme de représailles lorsqu’ils présentent des bilans critiques et des propositions d’amélioration, face aux dispositifs empêchant la réalisation des droits de l’homme, visant des instances gouvernementales, des services et des organisations en lien avec les affaires publiques.
Le BCHR appelle le gouvernement de Bahreïn à être conforme à ses obligations de respecter et protéger les défenseurs des droits de l’homme et demande la libération immédiate inconditionnelle de Rajab.
Le BCHR appelle également la communauté internationale et les partenaires de Bahreïn à prendre des mesures urgentes pour défendre leur engagement de protéger les militants des droits de l’homme, à demander publiquement la libération immédiate et inconditionnelle de Rajab et la fin des représailles du gouvernement de Bahreïn à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme.